Voilà un petit livre qui ne paie pas de mine, tout simple et tout à fait charmant. Couverture souple, format à l’italienne (22 x 20,5 cm), soixante pages de papier surfacé, et (presque) uniquement des photos (un petit avant-propos un peu obscur, signé Benrard Gauguin, ouvre l’ouvrage). Publié il y a tout juste 40 ans (1977) par les éditions Opsis, il s’intitule sobrement : Nus 1925, dans la collection « Regard sur la carte postale ».
On l’aura compris, il s’agit d’une sélection de cartes postales érotiques, cent cartes exactement, des années 1920. Ces cartes, nous précise-t-on en ouverture, ont été sélectionnées au sein de trois collections privées. Elles sont en noir et blanc, souvent anonymes, parfois marquées de la mention du photographe, de l’éditeur, ou du prénom du modèle.
De l’érotisme, tout simplement
Dans ce livre, pas de pornographie, pas d’acte sexuel, pas même de couple, uniquement des jeunes femmes, nues ou partiellement dénudées. De l’érotisme en somme, dans toute sa délicatesse. Les regards interpellent le spectateur comme pour le provoquer, ou s’en détournent au contraire, le transformant en voyeur. Et comme souvent dans ce genre de photos, les accessoires vestimentaires ont la part belle : voile léger laissant tout voir, nuisette qui tombe nonchalamment, pose effrontée dévoilant le liseré d’un bas ou encore bretelle qui glisse pour mettre à nu un sein. Et Années folles obligent, les cheveux courts sont à l’honneur.
De temps en temps, le fantasme fait appel à l’exotisme, avec des tenues aux évocations orientales ou des airs d’Antiquité romaine. Il y a également cette belle guerrière du temps de la chevalerie que j’apprécie particulièrement. Vêtue seulement de son casque et d’une jupe en cotte de mailles, elle s’affiche fière et droite, orgueilleuse, armée de son glaive et de son bouclier. Ici, la mise en scène est totale et frôle l’autodérision.
Au final, ce que je trouve remarquable dans ces photos, c’est la naturalité des corps. Nous sommes loin ici des canons de beauté standardisés véhiculés de nos jours par les magazines et les publicités. Les corps sont vrais, authentiques, avec leurs qualités et leurs défauts. Bien sûr, les filles sont jeunes, elles sont belles, elles sont bien faites, mais on ne se récrie pas à la vue d’un petit ventre, d’une hanche large ou d’une aisselle poilue. Au contraire, à travers la pose ou la mise en scène, les photographes ont su révéler la sensualité propre à chaque femme, que ce soit dans l’opulence, dans la retenue, dans la timidité ou dans l’arrogance.
Bref, voilà un chouette détour dans le temps, plein d’un érotisme simple et bienveillant. Pas de vulgarité, mais de la tendresse au contraire, qui ne s’interdit pas parfois un petit crochet par le second degré.
Informations complémentaires
ISBN : 2-86278-001-4
Format : 22 x 20,5 cm
Nombre de pages : 60
